Le laboratoire Ultragenyx Pharmaceutical qui a mené le développement d’un traitement par enzyme substitutive pour la maladie de Sly (MPS VII) a obtenu, le 23 août dernier, de l’EMA (Agence Européenne du Médicament) une autorisation de mise sur le marché (AMM) sous circonstances exceptionnelles pour son produit.
Cette recommandation de circonstances exceptionnelles vise à indiquer les réserves émises lors de l’octroi de l’AMM quant au niveau de preuves en termes d’efficacité et/ou de sécurité du produit. Le laboratoire devra fournir des résultats d’efficacité et de sécurité provenant d’étude de suivi sur un plus long terme. L’agence indique que le traitement réduit le taux des glycosaminoglycanes (GAG, produits qui s’accumulent dans les cellules des malades) et améliore ou au moins stabilise les symptômes de la maladie, mais les données issues des essais cliniques, fournies par le laboratoire, sont limitées.
En France, pour qu’une prise en charge par la sécurité sociale soit envisageable, une demande d’accès au remboursement doit être soumis par le laboratoire à la Commission de Transparence par le laboratoire. Cette commission évalue le Service Médical Rendu (SMR) qui définit si le médicament a suffisamment d’intérêt pour être pris en charge par la solidarité nationale, et l’Amélioration du Service Médical Rendu (ASMR) qui est l’appréciation du progrès apporté par rapport aux traitements ou à la prise en charge existants. Si le SMR est insuffisant il n’y a pas de remboursement, si l’ASMR est nul (niveau V, absence de progrès) il n’y a pas de remboursement sauf si le traitement apporte une économie dans les coûts de traitement. L’avis de la Commission de Transparence est ensuite transmis au Comité économique des produits de santé (CEPS) qui détermine le prix du médicament.
Aux Etats-Unis, l’agence du médicament américaine (FDA) a également donné son accord pour la commercialisation du traitement le 15 novembre 2017. Sur le site de la FDA, il est indiqué que la sécurité et l’efficacité du produit a été établi suite à des essais cliniques et des protocoles d’accès d’urgence impliquant un total de 23 malades âgés entre 5 mois et 25 ans. L’enzyme est perfusée toute les 2 semaines à la dose de 4 mg/kg. L’effet du traitement sur les troubles neurologiques n’ont pas été évalués.
Le laboratoire a communiqué quelques résultats de son essai clinique de phase 3, lors du congrès international des MPS et maladies associées qui s’est tenu en août dernier à San Diego (USA). Cette communication s’est faite sous le format d’un poster (grande affiche) que l’on peut retrouver sur le site internet du laboratoire.
Il s’agit de résultats après 24 semaines (6 mois) de traitement chez 12 malades âgés entre 8 et 25 ans.
Le dermatane sulfate et la chondroïtine sulfate urinaires (produits de surcharge dans cette maladie) diminuent très rapidement dès le début du traitement (environ 65% et 70,5% respectivement).
Les différents critères cliniques évalués sont la distance de marche parcourue en 6 minutes, la fonction pulmonaire (test de la capacité vitale forcée), la flexion d’épaule, des tests de motricités fines et globales, l’acuité visuelle et la fatigue.
L’augmentation moyenne de la distance parcourue durant 6 minutes est de 18 mètres. Individuellement, l’augmentation n’est manifeste que chez 3 personnes sur les 8 en capacités d’effectuer ce test. Pour les autres personnes, la distance de marche est considérée comme stable. Globalement, les résultats des critères cliniques ne changent pas à 24 semaines (stabilité). Pour 6 des 12 malades une amélioration dans un des critères est obtenue (critères non identiques). Chez un des malades le test pulmonaire et le test de la motricité globale ont été moins performants mais au moment des tests, le malade avait une infection virale.
A 24 semaines, 25% des aidants considéraient qu’une réponse clinique était obtenue pour le(s) problème(s) qu’ils considéraient comme le(s) plus impactant(s).
[/Delphine GENEVAZ/]
[/article octobre 2018/]