L’Institut Téléthon San Raffaele pour la thérapie génique (SR-TIGET – Italie) développe un traitement par thérapie génique ex vivo pour les patients MPS I (maladie de Hurler). Un essai clinique a débuté en mai 2018 et le laboratoire pharmaceutique Orchard Therapeutics a obtenu, en mai 2019, la licence pour l’exploitation et la poursuite du développement de ce traitement.
Huit patients de forme sévère pour cette maladie, sans accès à un donneur compatible à l’époque de leur inclusion, et ayant une fonction neurocognitive préservée (DQ >= 70) ont pu recevoir le traitement. Les patients étaient âgés de 14 à 35 mois au moment de leur inclusion. Les 7 patients qui étaient sous enzymothérapie ont dû l’arrêter au moins 3 semaines avant la thérapie génique.
Les résultats préliminaires présentés à l’occasion du congrès international sur les maladies lysosomales (WORLD) 2021 sont les données de sécurité et d’efficacité d’un suivi entre 12 à 24 mois selon les patients. Suite à la greffe autologue (1) des cellules souches modifiées, la récupération hématologique des patients a été rapide (dans les 20 jours) indiquant un profil de sécurité favorable. On observe très vite une activité enzymatique sanguine plus importante que chez les non malades (activité supraphysiologique), qui reste stable dans le temps (suivi le plus long 25 mois). Cette activité enzymatique s’accompagne d’une normalisation des GAG urinaires (héparane et dermatane sulfate). Il n’est pas détecté de réponse immunitaire contre l’enzyme et chez ceux qui avaient une production d’anticorps sous enzymothérapie, celle-ci disparait à 3 mois post-traitement. Une activité enzymatique est mesurée dans le liquide céphalo-rachidien laissant supposer la présence locale de cellules microgliales dérivées des cellules souches hématopoïétiques transduites. En parallèle de la détection progressive d’une activité enzymatique, on mesure une diminution d’héparane et dermatane sulfate dans le liquide céphalo-rachidien.
Les patients avec le plus long suivi montrent une progression cognitive (test Bayley), de pente identique à celle d’enfants non malades, c’est-à-dire que pour les enfants malades qui avaient avant le traitement un écart de développement cognitif au test, celui-ci ne s’amplifie pas mais suit une droite parallèle à celle d’enfants non malades. Les fonctions motrices globales et fines restent stables, et on observe une amélioration de la déformation squelettique (dont la colonne vertébrale) et des amplitudes articulaires (épaules, coudes, genoux) ainsi qu’une reprise de la vitesse de croissance.
Ces résultats encourageant, à confirmer en fin d’étude (résultats à 24 mois de suivi pour les 8 patients), permettent d’envisager un essai clinique de phase 3 (démonstration plus robuste d’efficacité) en vue d’une demande d’autorisation de mise sur le marché.
[/Delphine GENEVAZ/]
Avril 2021
(1) aussi appelée autogreffe, la greffe autologue consiste à prélever des cellules souches chez un patient et à les lui réinjecter après modifications.