MPS I : impact de la précocité de la greffe de cellules souches sur le devenir cognitif

Depuis la première greffe de moelle, il y a plus de 30 ans, chez un enfant atteint de la maladie de Hurler (MPS I), de nombreuses publications ont présenté les résultats cliniques obtenus pour cette thérapie. Bien que cette approche apporte indéniablement des améliorations cliniques importantes au niveau des organes (fonctions cardiaques, pulmonaires,…) et sur le plan neurologique, les résultats publiés sont très variables. Cette grande disparité est due au fait que les études sont menées sur un faible nombre de patients, avec une hétérogénéité dans les techniques utilisées, l’origine des cellules souches*, les méthodes d’évaluation clinique et le niveau du chimérisme obtenu (proportion de cellules sanguines provenant des cellules souches du donneur par rapport à celles du receveur) donc de la quantité d’enzyme fonctionnelle produite.

Un récent article publie les résultats d’une étude menée, entre juin 1997 et février 2013, chez 31 enfants MPS I ayant une forme sévère de la maladie (Hurler) et greffés à différents âges. Une précédente étude avait montré un bien plus faible impact de la greffe sur l’évolution neurologique pour des enfants âgés de plus de 2 ans et/ou ayant un indice du quotient de développement inférieur à 70.

L’objectif premier de ce nouveau travail est de déterminer si l’âge auquel est réalisée la greffe permet de prédire le devenir cognitif (les fonctions de l’esprit liées à la connaissance) de ces enfants. Ceux-ci étaient évalués juste avant la greffe, 6 mois après, 12 mois après puis tous les ans. Les enfants retenus dans cette étude ont tous eu au minimum 3 évaluations, ont un chimérisme total (toutes les cellules sanguines produites par le malade, proviennent des cellules souches du donneur) et ont suivi la même procédure pour la réalisation de la greffe. Les données sont rassemblées en trois groupes selon l’âge de l’enfant au moment de la greffe. Le premier groupe concerne les enfants greffés entre 2 et 8 mois (la moyenne se trouvant à 4 mois), le second ceux greffés entre 9 et 17 mois (la moyenne se situant à 12 mois) et le troisième ceux greffés après 18 mois (la moyenne étant de 26 mois).

Cette recherche montre une différence dans l’acquisition des compétences cognitives (acquisition des connaissances) et de langages selon l’âge de la greffe. Elles sont plus importantes et identiques à celles d’enfants non malades pour les groupes greffés le plus tôt. Les données comparées sont les moyennes obtenues pour chacun des groupes Il est important de souligner qu’il existe une hétérogénéité individuelle des résultats dans le troisième groupe. Par contre, l’audition et la vision évoluent de façon similaire pour les 3 groupes, ce qui indique que ces 2 facteurs ne sont pas à l’origine de la différence observée dans l’acquisition des compétences cognitives et de langages. L’âge de la greffe a également un retentissement sur l’acquisition des capacités motrices et de l’adaptation comportementale. Cependant, la progression de ces acquis ralentit au cours du temps pour les 3 groupes avec des résultats inférieurs ou à la limite inférieure de ceux d’enfants non malades.

Les auteurs concluent en indiquant que comme pour d’autres maladies lysosomales, un traitement précoce permet d’obtenir un meilleur bénéfice sur l’évolution de la maladie. Ils regrettent de ne pas avoir les informations sur les mutations de tous les enfants, ce qui ne leur a pas permis d’étudier un éventuel lien entre les types de mutation et l’impact de la greffe sur l’évolution de la maladie.

Delphine GENEVAZ

Publication : Early treatment is associated with improved cognition in Hurler syndrome. Michele D. Poe et al. Annals of Neurology. 2014, n°76, pp747-753.

*Cellule Souche : cellule dite indifférenciée, c’est-à-dire qui n’a pas encore subit les transformations nécessaires pour devenir une cellule spécifique (globule rouge, macrophage, lymphocyte, etc…). Ces cellules se divisent régulièrement et sont susceptibles de produire les différents types de cellules nécessaires au bon fonctionnement de notre organisme.

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