Comme chaque année, Vaincre les Maladies Lysosomales assiste au congrès international sur les maladies lysosomales (WORLD). Parmi les nombreuses annonces faites à cette occasion, deux concernant des essais cliniques dans le traitement de la maladie de Fabry étaient particulièrement intéressantes.
Essai de thérapie génique mené par AvroBio
Ce laboratoire mène actuellement des études cliniques de thérapie génique ex-vivo. Une première étude a impliqué 5 patients masculins adultes et qui étaient déjà traités depuis plus de 6 mois par enzymothérapie. Une seconde étude est actuellement en cours de recrutement aux USA, Canada et Australie. Les participants doivent être des patients de sexe masculin, avoir entre 16 et 50 ans et être naïfs de tout traitement. Les données cliniques présentés au WORLD concernaient les patients de l’étude 1 et les 4 premiers patients de l’étude 2. Jusqu’ici ces études montrent une bonne tolérance des patients au traitement. Il est observé une augmentation individuelle plus ou moins marquée de l’activité enzymatique alpha-Gal dans le plasma et les leucocytes (enzyme normalement déficiente dans cette maladie) qui avant traitement n’était pas détectable. Une réduction moyenne du lysoGb3 plasmatique de 68% pour les patients naïfs de l’étude 2 (à plus de 22 mois post traitement) et de 29% pour les patients de l’étude 1 (plus de 42 mois) est obtenue. Dans la première étude, 3 patients ont pu arrêter leur enzymothérapie. Sur des biopsies de rein des patients 1 et 4 de l’étude 2, on constate respectivement 87% et 100% d’élimination du Gb3. Le taux de filtration glomérulaire estimé tend vers une fonction stable des reins ainsi que de la fonction cardiaque et une stabilité de la masse cardiaque à 1 an.
Essai de thérapie par enzymothérapie
Une nouvelle enzymothérapie par perfusion intraveineuse d’une enzyme alpha-Gal modifiée (ajouts de brins de polyéthylène glycol) et produite par des plantes transgéniques est en évaluation depuis plusieurs années dans différentes études cliniques. L’étude BRIDGES consistait à évaluer la sécurité et l’efficacité de ce traitement (pegunigalsidase alfa) à la dose de 1 mg/kg/2 semaines chez des patients Fabry qui étaient au préalable traités par agalsidase alpha (Réplagal à la dose d’indication 0.2mg/kg/2 semaines) depuis plus de 2 ans. A l’issu des 12 mois de suivi, les patients pouvaient poursuivre s’ils le souhaitaient le traitement dans une étude dite de phase d’extension. Vingt patients (13 hommes, 7 femmes), sur les 22 inclus au départ, ont été au bout de l’étude et les analyses des données ont fait l’objet d’une communication par le docteur A Linhart, un des médecins investigateurs. Sur la période d’étude, le traitement était bien toléré avec la survenue d’événements indésirables notés le plus souvent comme légers ou modérés. Quatre événements, chez 4 patients, ont été répertoriés comme sévères, une mononucléose infectieuse et une infection urinaire (vraisemblablement sans rapport au traitement), et deux réactions d’hypersensibilité de type 1 (allergique) ces dernières ayant entrainé la sortie de l’étude des 2 patients. Avant le changement de traitement, le groupe des hommes avaient une perte annuelle moyenne de la fonction de filtration glomérulaire de – 6.5 mL/min/1.73 m2 et les femmes de – 5 mL/min/1.73 m2. A l’issu des 12 mois de traitement par pegunigalsidase alpha, cette perte annuelle moyenne n’était plus que de – 1.7 mL/min/1.73 m2 pour le groupe des hommes et de – 0.2 mL/min/1.73 m2 pour les femmes, une majorité des patients (12/20) ayant été stabilisée. La concentration du lysoGb3 plasmatique, un biomarqueur de suivi pour cette maladie, avait diminué en moyenne de 31.5%, diminution plus marquée chez les hommes dont la concentration plasmatique de ce biomarqueur est plus importante que chez les femmes. Le docteur Linhart conclu en indiquant que les résultats de cette étude suggèrent une bonne tolérance ainsi qu’un bénéfice potentiel de pegunigalsidase alpha sur la fonction rénale des patients préalablement traité par agalsidase alpha avec une atteinte de l’objectif thérapeutique (stabilisation ou réduction de la perte de la fonction rénale).
[/Delphine GENEVAZ/]
Avril 2021