La présentation des résultats d’un essai clinique de phase I-II du traitement par enzyme recombinante administrée par voie intrathécale chez des enfants ayant une forme infantile tardive de la maladie a été faite lors du congrès WORLD. Cet essai, dont le promoteur est le laboratoire Shire, est un essai ouvert (tous les malades ont reçu du traitement), d’escalade de dose, d’une durée de 40 semaines, en multicentrique (plusieurs pays participent).
L’objectif premier de l’essai était d’évaluer la tolérance de l’administration intrathécale* de l’enzyme humaine recombinante Arylsulfatase A (rhASA) et la sécurité d’utilisation du dispositif implanté pour cette administration.
D’autres objectifs, secondaires, ont été également évalués : l’évolution des pertes des fonctions motrices par le test de mesure GMFM-88, la dégénérescence des cellules du cerveau par l’analyse des IRM cérébrales et la concentration des sulfatides se trouvant dans le liquide céphalo-rachidien*.
Au total, 18 enfants âgés de moins de 12 ans, dont les 1premiers symptômes de la maladie se sont exprimés avant l’âge de 30 mois et marchant encore (avec ou sans aide), ont été inclus. Les 6 premiers enfants ont reçu une dose de 10 mg de rhASA toutes les 2 semaines pendant 40 semaines, les 6 enfants suivants une dose de 30 mg et les 6 derniers une dose de 100 mg.
Sur les 18 enfants, 17 ont été jusqu’au bout de l’étude. Un enfant appartenant au groupe traité par 10 mg de rhASA, a arrêté après 28 semaines par manque d’efficacité.
13 enfants ont souffert d’au moins un effet secondaire dit sérieux durant l’essai, mais qui selon les médecins n’étaient pas en lien avec le traitement. 11 autres ont ressenti des effets secondaires plus modérés en lien avec le traitement (rougeur cutanée, fièvre, inconfort…). Deux dispositifs différents ont été utilisés. Le premier dispositif a montré de fréquents dysfonctionnements, il a dû être remplacé chez 4 enfants. Le second dispositif a connu moins de problème de fonctionnement et n’a nécessité son remplacement que chez un seul enfant.
Après 40 semaines de traitement, tous les groupes d’enfants ont vu leur fonction motrice décliner. Cependant, il existe un effet dose dépendant, qui permet de montrer un ralentissement de cette perte motrice chez les enfants traité à la dose de 100 mg de rhASA et pour lesquels le score du test GMFM-88 était supérieur à 40% au moment de l’inclusion. De plus, pour le groupe traité à 100 mg de rhASA, l’IRM montre une stabilité des lésions cérébrales. Pour tous les groupes, une légère diminution de la concentration en sulfatide dans le liquide céphalo-rachidien* a été observée.
Ces résultats ont été en faveur de la poursuite du développement de cette thérapie. Actuellement, les enfants sont dans une phase d’extension de l’essai pour continuer à évaluer l’évolution des paramètres cliniques étudiés. Un 4ème groupe a été constitué avec 6 enfants supplémentaires répondant aux critères d’inclusion initiaux auxquels s’est ajouté d’avoir un résultat au test GMFM-88 supérieur à 40%. Ce 4ème groupe est traité toutes les 2 semaines par une dose en intrathécale de 100 mg de rhASA. La fin de cette étude d’extension est prévue pour mi 2018.
(*)dans le liquide entourant la moelle épinière, qui circule et baigne également le cerveau
Delphine GENEVAZ