Les Céroïde Lipofuscinose Neuronales (ou CLN) constituent un ensemble de maladies neurodégénératives de différentes formes cliniques et impliquant de nombreux gènes (13 à ce jour).
La céroïde lipofuscinose neuronale de type 2 (CLN2) est une maladie de forme infantile tardive caractérisée par l’apparition de crises épileptiques et de myoclonies (contractions musculaires rapides et involontaires) vers l’âge de 2 à 4 ans suivi d’un rapide déclin psychomoteur. Cette maladie est due à un défaut de l’enzyme TPP1 (tripeptidyl peptidase 1) normalement produite par le gène CLN2.
Fin 2013, le laboratoire BioMarin débutait un essai clinique de phase I/II pour le traitement de cette maladie. Il s’agit d’administrer tous les 14 jours l’enzyme faisant défaut, directement au niveau du cerveau par le biais d’un réservoir implanté sous la peau du crâne (perfusion par voie intracérébroventriculaire). Le but est d’étudier la sécurité et la tolérance de ce traitement à différentes doses d’enzyme, et d’en évaluer l’efficacité. Parmi les éléments considérés, l’atteinte neurologique est mesurée selon une échelle (échelle de Hambourg) combinant capacités motrice et langage. Pour cette échelle, des capacités intactes donnent un score maximum de 3 pour la motricité et 3 pour le langage, donc un score maximal total de 6. Les patients inclus dans l’essai clinique devaient avoir un score compris entre 3 et 6.
24 patients ont pu participer à cet essai mené en Allemagne, Angleterre, Italie et USA. Un patient a arrêté après la première administration suite à son incapacité à respecter l’ensemble des procédures de l’essai.
Les résultats préliminaires de cet essai ont été présentés lors du congrès WORLD en mars dernier et montraient globalement une bonne tolérance au traitement. L’efficacité a été appréciée en comparant les patients sous traitement avec ceux suivi précédemment lors d’une étude de l’histoire naturelle. 87% des patients de l’essai ont eu un ralentissement important de la progression de l’atteinte neurologique (dont 65% sont restés stables). En regardant individuellement les situations, en début d’essai, 2 enfants avaient un score de 6 à l’échelle de Hambourg et sont restés stables. Parmi les autres enfants (score initial compris entre 2 et 5), 2 ont amélioré d’un point leur score, 11 sont restés stables, 5 ont perdu un point et 3 ont perdu deux points. Globalement, la perte calculée est de 0,43 point après 48 semaines de traitement alors que l’évolution naturelle de la maladie induit une perte de 2 points. La perte de la substance grise corticale est également un des signes de la progression de la maladie. Elle a été mesurée par IRM. Une diminution de cette perte a été constatée avec une baisse globale du volume de cette substance de 9,7% chez les malades traités, alors qu’elle est de 14,5% sans traitement pour une même période. Il s’agit bien entendu de résultats préliminaires mais nous espérons qu’ils se confirmeront sur le long terme.
Au regard de ces résultats extrêmement encourageants, le laboratoire a indiqué vouloir déposer une demande d’Autorisation de Mise sur le Marché au second semestre 2016. Son évaluation par l’agence européenne du médicament (EMA) prendra plusieurs mois.
Delphine GENEVAZ