MPS 4 – Morquio A et B

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LYSOSOME

La maladie de morquio, ou mucopolysaccharidose de type 4 (MPS IV ou MPS 4), est une maladie de surcharge lysosomale du groupe des mucopolysaccharidoses. La MPS 4 est une maladie évolutive, progressive, multisystémique. Elle est d’origine génétique et rare.

Qu’est ce que la maladie ?

Décrite en 1929 par le pédiatre uruguayen Luis Morquio, la maladie de Morquio (ou sous son terme scientifique : mucopolysaccharidose de type IV (MPS IV)) est une affection génétique rare qui fait partie des maladies de surcharge lysosomale.

Elle est due à une accumulation anormale de molécules de type sucré (sucre = saccharose : maladie de type mucopolysaccharidose) dans les cellules de l’organisme, plus particulièrement celles des os et des cartilages. accumulation du à l’absence d’une enzyme permettant de dégrader et éliminer ces sucres.

Deux formes de la maladie de Morquio, A et B .
La maladie de Morquio est divisée en deux sous-types qui présentent des symptômes semblables, mais qui sont différentes sur le plan biochimique. Chaque sous-type est en effet déterminé en fonction de l’enzyme qui est absente ou déficitaire.
On distingue ainsi :

  • Morquio type A – Mucopolysaccharidose de type IV A (MPS IV A) qui est déficitaire en enzyme N-acétylgalactosamine-6-sulfate sulfatase
  • Morquio type B – Mucopolysaccharidose de type IV B (MPS IV B) qui est déficitaire en enzyme β-D-galactosidase est déficitaire

Lorsque l’une de ces deux enzymes est absente, cela provoque une accumulation de kératane sulfate et de chondroïtine-6-sulfate dans les lysosomes.
Ce dysfonctionnement est dû à des mutations dans le gène correspondant à l’enzyme en question. Ces mutations génétiques font que l’enzyme n’est pas ou peu fabriquée. Ces enzymes interviennent à différents niveaux de dégradation mais si l’une d’elles est absente ou défectueuse, les conséquences sont les mêmes.

Combien de personnes sont atteintes de la maladie ?
Les données épidémiologiques précises de la maladie de Morquio sont rares. La fréquence de la MPS IV est toutefois variable d’un pays à l’autre.
En France, il est estimé qu’il y ait 80 à 90 patients atteints de la maladie de Morquio.

En Colombie Britannique et en Australie, c’est une naissance sur 200 000 qui est touchée, tandis que le nombre de personnes souffrant de la MPS est d’une sur 450 000 aux Pays-Bas et au Portugal. Elle concerne par ailleurs une naissance sur 76 000 en Irlande du Nord.

Bien que rare, le sous-type A est toutefois plus fréquent que le sous-type B.

Comment se transmet la maladie de Morquio ?
La transmission de cette maladie se fait sur un mode autosomique récessif . Les deux parents sont « porteurs sains » et transmettent leurs deux gènes mutés à l’enfant.

Quels sont les signes ?

Les individus atteints de la MPS IV A ne présentent pas de symptômes à la naissance. Selon la sévérité de la maladie, certaines personnes manifesteront des signes et des symptômes durant les premières années de vie (forme sévère, la plus fréquente), tandis que d’autres ne développeront la maladie que tard dans l’enfance ou l’adolescence (forme modérée).

L’expression clinique de la maladie est très variable d’un patient à l’autre, et les formes modérées se distinguent de la forme sévère par une atteinte osseuse moins importante.

Les patients Morquio type B présentent des symptômes similaires à ceux des individus touchés par les formes modérées de la MPS IV A.

Les premiers signes généralement indiqués par les patients sont une raideur et une douleur de la hanche. Les articulations sont également progressivement touchées. Une raideur et une diminution de la mobilité peuvent ainsi être observées au niveau des grosses articulations tandis qu’au niveau des chevilles et des poignets, il y a plutôt une hypermobilité (signe assez spécifique de la maladie de Morquio).
Des déformations squelettiques sont aussi observées comme un thorax en tonneau, une petite taille, des genoux en dedans, des anomalies de la colonne vertébrale (instabilité cervicale, une scoliose, une cyphose, etc.).
Tous ces symptômes ont une répercussion sur la démarche des patients et sur le fait qu’ils peuvent avoir petit à petit des difficultés à se déplacer. Cela est plus fréquent chez les adultes que chez les enfants.

Les symptômes non squelettiques ont également leur importance et sont plus ou moins marqués en fonction de la progression de la maladie. Au fur et à mesure que la maladie de Morquio avance, les systèmes auditif, visuel et respiratoire peuvent être touchés avec une perte auditive, des troubles visuels et des infections respiratoires fréquentes. Lors du sommeil, des apnées et des ronflements peuvent être observés. En plus des difficultés respiratoires, la présence d’une insuffisance mitrale ou aortique et d’une compression de la moelle épinière peut impacter l’endurance. Des anomalies dentaires telles qu’une dentition espacée, un émail anormalement fin, des caries fréquentes, etc., sont caractéristiques de la maladie de Morquio. Maintenir une hygiène buccale peut être difficile pour les malades à cause de leur difficulté à se mouvoir et de ces anomalies.

L’intégrité neurologique est quant à elle conservée.

En l’absence de soins, la qualité de vie de l’individu diminue en rapport direct avec la progression de la maladie de Morquio (MPS IV), d’où la nécessité d’un diagnostic et d’une prise en charge précoce.

Diagnostics et dépistages ?

L’hypermobilité des poignets et des chevilles est un symptôme qui peut être particulièrement utile dans le diagnostic de la maladie de Morquio. En effet, il est propre à la MPS IV parmi toutes les mucopolysaccharidoses et même parmi les maladies lysosomales en général qui ont plutôt tendance à provoquer des raideurs articulaires.

C’est toutefois l’observation d’un ensemble de symptômes et de l’histoire chirurgicale du patient qui conduira le médecin à envisager la maladie de Morquio. Le diagnostic de la maladie de Morquio ne pourra être posé qu’après une mesure de la concentration de kératane sulfate dans les urines. En cas de maladie, une concentration de kératane sulfate plus importante est généralement détectée. Le kératane sulfate peut cependant être présent en plus grande quantité dans les urines sans toutefois entraîner une forte augmentation de la concentration des glycosaminoglycanes. Il est ainsi fortement recommandé de faire un test de l’activité enzymatique par la suite, et cela même si l’urine apparaît « normale ».

Un dosage enzymatique dans les leucocytes ou dans les fibroblastes est ainsi effectué pour les deux sous-types. Cela permet de constater un déficit ou une absence d’activité de l’une des deux enzymes. Cette étape est indispensable pour confirmer le diagnostic et préciser le sous-type. Toutefois pour la MPS IV A, des analyses complémentaires sont aussi nécessaires pour confirmer l’intégrité de l’échantillon et exclure les mucolipidoses de type II/III et le déficit de plusieurs sulfatases.

Le sous-type étant suggéré, ce sont des analyses génétiques qui vont à ce stade, confirmer la maladie. Une recherche de mutations sur le gène codant l’enzyme en question est effectuée.

Pour obtenir une détection fiable des « porteurs sains » dans les familles, l’identification des mutations chez le malade est importante. Plus de 150 mutations sur le gène codant la N-acétylgalactosamine-6-sulfate sulfatase ont aujourd’hui été identifiées.

Un diagnostic précoce suivi de soins appropriés joue un rôle important sur la qualité de vie des patients. Cela peut même parfois ralentir ou prévenir le développement de dommages irréversibles.

Les trois étapes du diagnostic ne sont toutefois pas toujours requises. Par exemple, si les résultats de dépistage et de l’activité enzymatique dans les fibroblastes ou dans les leucocytes sont tous les deux positifs, la confirmation par l’analyse moléculaire est recommandée mais pas obligatoirement requise.

Existe-t-il un dépistage de la maladie de Morquio ?

Un test génétique est en effet possible. Il sera proposé aux couples ayant déjà un enfant malade (ou famille à risque dû à des antécédents familiaux), permettant ainsi d’envisager une grossesse en toute sécurité. Le test peut aussi permettre de diagnostiquer précocement la fratrie d’un enfant malade.

Pour les couples ayant déjà eu un enfant atteint (ainsi que les couples où chacun a été dépisté comme porteur sain et les familles à risque dû à des antécédents) peuvent bénéficier du diagnostic prénatal. Il est actuellement réalisé par un test génétique.

Il est donc indispensable d’avoir au préalable identifié les mutations en cause chez le(s) malade(s), et vérifié que les deux parents demandeurs du diagnostic prénatal soient chacun porteur d’une des mutations familiales (qui peuvent être différentes ou identiques). Il est donc souhaitable de réaliser ces études dès le diagnostic du malade. Dans ces conditions, le résultat est fiable, sous réserve que l’on ait pu vérifier que les cellules qui ont servi à extraire l’ADN utilisé pour le test sont bien celles du fœtus et non celles de la mère (test complémentaire indispensable).

Pour la fratrie, il est possible de dépister cette maladie chez les personnes à risque (frères et sœurs du malade) avant qu’elle ne se déclare. Les tests génétiques permettent d’identifier dans la famille du malade les porteurs sains et les personnes atteintes de la maladie qui n’auraient pas encore développé les symptômes. En cas de résultats positifs, ce dépistage et diagnostic précoces vont permettre une meilleure prise en charge et limitation des symptômes mais en l’absence de traitement spécifique, ils n’assurent pas une guérison.

Quelle prise en charge ?

Depuis 2014, la maladie de Morquio type A dispose d’un traitement de type enzyme recombinante (Les enzymes recombinantes sont produites ebn culture par un organisme dont l’ADN a été modifié par une technique appelée recombinaison génétique).

En paralléle et pour Morquio type B, des traitements symptomatiques sont disponibles. Ils sont indispensables pour essayer d’améliorer la qualité de vie du patient.

Des médicaments sont ainsi utilisés pour traiter les divers troubles : douleurs articulaires (anti-inflammatoires non stéroïdiens), infections pulmonaires (antibiotiques), restriction pulmonaire et apnées obstructives du sommeil (supplémentation en oxygène), etc.

Des interventions de chirurgies orthopédiques peuvent être aussi nécessaires tout au long de la vie. C’est le cas des ostéotomies fémorales ou tibiales pour le redressement des jambes, d’une opération correctrice du genou pour un genu valgum sévère, d’un remplacement et d’une reconstruction de la hanche, etc. Une amygdalectomie et une adénoïdectomie sont des interventions réalisées à un stade précoce pour prévenir les infections respiratoires, les apnées du sommeil et les difficultés respiratoires des patients.
Ces opérations sont compliquées par les risques anesthésiques majeurs dont sont sujets les individus atteints de la maladie de Morquio. Cela est dû à un rétrécissement progressif des voies respiratoires et à une insuffisance pulmonaire potentielle. L’anesthésie de ces patients devrait être préférablement faite dans des centres dotés en personnel avec des anesthésistes pédiatriques expérimentés pour cette maladie.

Une prise en charge non médicamenteuse est également possible. Les patients qui ont des difficultés à se déplacer peuvent se voir proposer soit des béquilles ou un déambulateur si ce sont des adultes, soit un déambulateur, des bagues orthopédiques, des orthèses pour les chevilles ou des attelles si ce sont des enfants. Ils peuvent également utiliser un fauteuil roulant. Cependant, même si son utilisation continue peut considérablement diminuer la douleur, elle diminue également la qualité de vie et n’est donc pas conseillée.

 

PNDS Maladie de type MPS (has-sante.fr)

La recherche scientifique ?

Plusieurs traitements spécifiques sont actuellement à l’étude comme :

  • La transplantation de cellules souches hématopoïétiques ne peut pas avoir d’impact positif sur le système squelettique. En revanche, la greffe de moelle osseuse allogénique semble restaurer progressivement l’activité enzymatique dans les lymphocytes. Le patient présente alors une amélioration de sa fonction motrice, une disparition du manque de souffle lors de mouvements et des ronflements, une amélioration des glaucomes ainsi qu’une augmentation de la densité minérale osseuse.
  • La thérapie génique. Des essais cliniques dans la MPS IV A sont actuellement menés sur des modèles murins. Ils consistent à injecter par voie intraveineuse une certaine concentration d’un vecteur (sorte de transporteur allant jusqu’aux cellules) contenant le gène correct de l’enzyme impliquée dans le sous-type en question. Si cela se révèle concluant, les premiers essais cliniques humains seront exécutés.

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