MPS 3- Sanfilippo A,B,C et D

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LYSOSOME

La maladie de Sanfilippo, ou mucopolysaccharidose de type 3 (MPS III)) est une affection génétique rare qui fait partie des maladies de surcharge lysosomale. Il en existe 4 formes identifiées par une lettre de A, B, C ou D. La MPS 3 est une maladie évolutive, progressive, multisystémique.

Qu’est ce que la maladie ?

Elle a été décrite en 1963 par le pédiatre américain Sylvester Sanfilippo, dont elle tient son nom de maladie de Sanfilippo.

Elle est due à une accumulation anormale de molécules de type sucré (sucre = saccharose >> maladie de type mucopolysaccharidose) dans les cellules de l’organisme qui sont alors en surcharge. Et plus particulièrement dans les cellules du cerveau, ce qui entraine des atteintes neurologiques.

La maladie de Sanfilippo est divisée en quatre sous-types qui présentent tous des symptômes similaires. En revanche sur le plan biochimique ils sont différents. Chaque sous-type est déterminé en fonction de l’enzyme qui est absente ou déficitaire. L’absence de l’une d’entre elles est responsable d’un sous-type de la maladie :

On distingue ainsi :

  • la mucopolysaccharide de type III A (Sanfilippo A), déficit en héparane-N-sulfatase ou héparane sulfamidase
  • la mucopolysaccharide de type III B (Sanfilippo B), déficit en  alpha-N-acétylglucosaminidase
  • la mucopolysaccharide de type III C (Sanfilippo C), déficit en acétyl-CoA:alpha-glucosaminide-N-acétyltransférase
  • la mucopolysaccharide de type III D (Sanfilippo D), déficit en N-acétylglucosamine-6-sulfatase

Lorsqu’une de ces quatre enzymes est absente, cela provoque une accumulation d’héparane sulfate dans les lysosomes.

Ce dysfonctionnement est dû à des mutations dans le gène correspondant à l’enzyme en question. Ces mutations génétiques font que l’enzyme n’est pas ou peu fabriquée. Ces quatre enzymes interviennent à différents niveaux de dégradation mais si l’une d’elles est absente ou défectueuse, les conséquences sont les mêmes.

Comment se transmet la maladie de Sanfilippo ?

La transmission de cette maladie se fait sur un mode autosomique récessif. Les deux parents sont « porteurs sains » et transmettent leurs deux gènes mutés à l’enfant.

Notons que les parents doivent avoir la même mutation. Par exemple, si le père transmet une copie altérée du gène impliqué dans la MPS III A et si la mère transmet une copie altérée du gène impliqué dans la MPS III D, leur enfant sera porteur sain pour ces deux sous-types et ne développera donc ni la MPS III A ni la MPS III D.

Combien de personnes sont atteintes de la maladie ?

Même si elle reste rare, la maladie de Sanfilippo est la plus fréquente des mucopolysaccharidoses (MPS). En France, elle concerne aujourd’hui moins d’une naissance sur 100 000. Le nombre de nouveaux cas observés dans la population diffère toutefois selon le sous-type.

Le nombre de patients n’est pas connu avec justesse, il est estimé entre 100 et 150 malades en vie dont près de 65% sont MPS IIIA, 24% MPS IIIB, 9% MPS IIIC et quelques rares MPSIIID.

Les estimations se basent entre autre sur un travail d’Histoire naturelle qui a été effectué entre 1990 et 2006, et des études entre 2000 et 2013. VML collabore actuellement à la création d’un registre national MPS afin de mieux quantifier et connaitre l’évolution de la maladie.

Ces sous-types sont par ailleurs plus fréquents dans certaines populations. Par exemple, la MPS III A est plus fréquente en Europe du Nord alors qu’elle est absente en Grèce, où c’est la MPS III B qui prédomine.

Quels sont les signes ?

Généralement, les premiers symptômes surviennent dans les premières années de vie selon la sévérité et avant 6 ans.

Dans un premier temps, ce sont les troubles du comportement et les problèmes de concentration qui vont interpeller les parents. Hyperactivité, irritabilité, agressivité et anxiété sont par exemple souvent observées.

L’enfant peut aussi avoir un retard du développement du langage. Dans ce cas, quelques difficultés à articuler et à acquérir le langage c’est-à-dire la capacité à associer deux mots, sont rencontrées. Par ailleurs, certains enfants présentent des troubles du sommeil qui peuvent être parfois importants. D’autres, au contraire, ne sont absolument pas concernés par ce symptôme.

Les infections du nez, des oreilles et de la gorge sont quant à elles fréquentes chez la majorité des patients. Ces premiers symptômes évoluent ensuite progressivement et plus ou moins rapidement en fonction des individus.

Les symptômes et signes physiques sont peu visibles dans les premières années, mais vont progressivement évoluer. On pourra notamment noter chez les patients des traits du visage un peu plus épais et une implantation épaisse de cheveux et sourcils.

Dans un second temps, les enfants sont généralement plus calmes. Ils peuvent toutefois développer pour certains une épilepsie. Les troubles du sommeil peuvent être quant à eux toujours présents. Les patients sont alors dans une phase relativement stable et plus ou moins longue selon les personnes et le sous-type de la maladie.

Dans un troisième temps, un net avancement de l’atteinte neurologique est observé. Les acquisitions psychomotrices diminuent progressivement avec la perte de la marche et de la station assise. Des complications orthopédiques peuvent aussi aggraver la difficulté de déplacement des patients. Il peut y avoir par ailleurs un affaiblissement de la vue et de l’ouïe ainsi que des troubles de l’alimentation et du transit. La communication orale est de plus en plus affectée.

Souvent dû à des complications respiratoires, le décès peut arriver vers la fin de la deuxième décade mais certaines personnes vivent plus de 50 ans. L’âge du décès est très variable suivant les individus et le sous-type de mucopolysaccharidose de type III.

Diagnostics et dépistages ?

D’après les témoignages des parents d’enfants malades, c’est lorsqu’ils constatent un retard de langage durant les années préscolaires de leur enfant, qu’ils commencent à s’inquiéter. Ce retard n’est pas uniquement constaté dans la maladie de Sanfilippo mais il fait partie des principaux symptômes observés. Le langage, s’il a été acquis, et la compréhension se dégradent également peu à peu et plus ou moins lentement selon les personnes.

C’est l’observation d’un ensemble de symptômes qui doit conduire le médecin à envisager une maladie de Sanfilippo. Le diagnostic de la maladie de Sanfilippo ne pourra être posé qu’après une mesure de la concentration d’héparane sulfate dans les urines. En cas de maladie, une concentration d’héparane sulfate plus importante est détectée.

Ce diagnostic est ensuite confirmé par un dosage enzymatique dans les leucocytes ou les fibroblastes pour les quatre sous-types ou dans le sérum pour la MPS III B. Cela permet de constater un déficit ou une absence d’activité de l’une des quatre enzymes. Cette étape est indispensable pour confirmer le diagnostic et préciser le sous-type.

Toutefois, pour les MPS III A et D, la mesure de l’activité d’autres sulfatases est essentielle pour exclure une autre maladie lysosomale, la maladie d’Austin, qui est justement due à un déficit en sulfatases.

Le sous-type étant suggéré, ce sont des analyses génétiques qui vont, à ce stade, confirmer la maladie. Une recherche de mutations sur le gène codant l’enzyme en question est effectuée.

Pour obtenir une détection fiable des « porteurs sains » dans les familles, l’identification des mutations chez le malade est importante. Plus de 70 mutations sur le gène codant l’héparane sulfamidase ont aujourd’hui été identifiées.

Un diagnostic précoce suivi de soins appropriés joue un rôle important sur la qualité de vie des patients.

Toutes les étapes du diagnostic sont importantes pour être certain que la personne soit bien atteinte de la maladie de Sanfilippo.

 

Le dépistage pour les personnes à risques (parenté) et désir de grossesse.

Vous pouvez demander à votre médecin, une consultation de conseil génétique pour vous informer sur le mode de transmission de la maladie et sur le risque qu’une personne a de développer et/ou de transmettre la maladie dans l’avenir. Et aborder les possibilité de dépistage.

Le dépistage de personnes à risque, concerne en particulier les frères et sœurs d’un malade. Il permet d’identifier un malade avant l’apparition de symptômes.

Elle permet d’identifier dans la famille du malade les porteurs sains et les personnes atteintes de la maladie qui n’auraient pas encore développé les manifestations (frères et sœurs du malade).

A cause de ses implications psychologiques (avec ce test, une personne peut apprendre qu’elle est atteinte de la maladie sans pour autant se sentir malade), le dépistage ne doit se faire qu’en respectant un certain nombre de principes. Pour les mineurs, le recours à l’analyse génétique reste exceptionnel, bien que la loi le prévoit étant donné qu’il existe un traitement qui apporte des bénéfices aux personnes atteintes (le traitement enzymatique substitutif).

Le dépistage prénatal concerne les couples ayant déjà eu un enfant malade. Le but du diagnostic prénatal est de déterminer au cours de la grossesse si l’enfant à naître est atteint ou non de la maladie.

Quelle prise en charge ?

Le traitement est personnalisé, au cas par cas. A l’heure actuelle, bien que plusieurs essais cliniques soient menés, la prise en charge de la maladie de sanfilippo est principalement  dite « symptomatique ». Ils sont indispensables pour essayer d’améliorer la qualité de vie du malade et de ses proches.

 

Des consultations expertes dans toute la France

La prise en charge de la maladie se conçoit au mieux dans le cadre de consultations pluridisciplinaires. Elles réunissent les compétences de plusieurs intervenants médicaux et paramédicaux.

Les dispositifs de soins sont structurés en filière de santé  et Centre de référence

– la filière Groupement des Maladies Héréditaires du Métabolisme (G2M).

Des essais cliniques de thérapie génique sont en cours pour la maladie de Sanfilippo A et Sanfilippo B.

Les traitements symptomatiques.

Des traitements médicaments sont ainsi utilisés pour traiter les divers troubles : problèmes neurologiques (antidépresseurs, antiépileptiques, antipsychotiques, myorelaxant…), troubles du sommeil, etc.

Dans quelques cas, une dérivation du liquide céphalo-rachidien a permis d’améliorer des troubles du comportement réfractaires au traitement pharmacologique.

Une prise en charge non médicamenteuse est également possible.

Des soins de kinésithérapie pour entretenir les articulations sont nécessaires. Ils permettent en effet de préserver la mobilité de l’enfant le plus longtemps possible. Il a été observé par expérience que la stimulation régulière et continue de l’enfant est aussi un moyen de ralentir les pertes d’acquisition.

Des appareillages orthopédiques peuvent être proposés mais ils sont souvent mal acceptés. Ainsi si l’enfant a des problèmes auditifs, il peut y avoir un certain temps d’adaptation pour qu’il tolère l’appareil.

D’autre part, s’il a besoin de soins dentaires, une anesthésie lui est généralement faite. Cela permet en effet de prendre toutes les précautions pour garantir le bon déroulement de la séance. D’une manière générale, la personne doit être régulièrement vue par le médecin qui adaptera le traitement en fonction de l’état du patient.

Plusieurs traitements spécifiques sont actuellement à l’étude comme :

  • la thérapie de réduction du substrat de l’enzyme déficiente. Elle correspond à l’utilisation de Génistéine qui a plusieurs activités biologiques qui pourraient être impliquées dans l’effet positif observé lors de son utilisation dans les études précliniques.
  • la transplantation de cellules souches hématopoïétiques.
  • la thérapie génique. Des essais cliniques pour la MPS III A, MPS III B et la MPS III C sont actuellement menés. Ils consistent à injecter dans le cerveau, par neurochirurgie, une certaine concentration d’un vecteur contenant le gène correct de l’enzyme impliquée dans le sous-type en question. L’objectif premier est d’évaluer la tolérance et l’innocuité de ce traitement.
  • la thérapeutique enzymatique substitutive par voie intrathécale. Elle correspond à l’injection de l’enzyme déficiente au niveau de la colonne vertébrale dans le liquide céphalo-rachidien via un dispositif mis en place de type port-à-cath (boîtier implanté sous la peau).

La thérapeutique enzymatique substitutive par voie intraveineuse n’est pas disponible car l’enzyme manquante ou déficiente ne peut pas traverser la barrière hémato-méningée qui est un filtre extrêmement sélectif qui protège normalement le cerveau des agents pathogènes et des toxines du sang.

Quand ces traitements doivent-ils débuter ?

Les premiers essais ont pu montrer un certains nombres de facteurs positifs, mais n’ont pas encore permis de guérir ou stopper l’évolution de la maladie. Il est à noter que pour être totalement efficaces, ces traitements doivent être commencés avant qu’il y ait des dommages irréversibles du système nerveux central (troubles neurologiques). Si un retard de développement est observé, le système nerveux central est déjà touché. Un diagnostic précoce est donc indispensable.

Un Protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) a été publié.

https://www.has-sante.fr/jcms/c_2659924/fr/mucopolysaccharidoses-mps

Destiné aux professionnels de santé (médecin, kinésithérapeute…) même non spécialisés, il détaille la prise en charge optimale d’une personne atteinte de la maladie aux différentes étapes, du diagnostic au traitement et au suivi.

Registre maladie – Mieux connaitre l’évolution

Le développement de bases de données qui compilent des informations médicales de personnes atteintes de la maladie aident les chercheurs à mieux comprendre l’évolution de la maladie au cours du temps (histoire naturelle), ses complications et les effets à long terme des traitements. Il contribue également à mieux connaitre les pratiques actuelles en matière de diagnostic et de prise en charge, afin de les faire progresser. Il facilite enfin le recrutement de personnes susceptibles de bénéficier de nouveaux essais cliniques.

La recherche scientifique ?

Depuis 1990, Vaincre les Maladies Lysosomales est le premier financeur associatif de la recherche pour les maladies Lysosomales en France. De nombreux projets de recherche ont été subventionnés grâce à la solidarité et l’engagement associatif. VML est engagé dans la recherche Sanfilippo depuis de nombreuses années. Elle est actuellement partie prenante d’essais pour la maladie de Sanfilippo B et Sanfilippo C. Rejoignez nous pour poursuivre l’effort et vaincre la maladie.

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